Anankéisme
Philosophie du déterminisme intégral
par Richard Dern
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L’Anankéisme est une philosophie du déterminisme intégral, articulée autour de dix axiomes fondamentaux, visant à expliquer les phénomènes sans recours à la transcendance ni au hasard.
Ces dix axiomes constituent des fondations sur lesquelles pourront être construites des extensions, dont certaines sont déjà en chantier.
Les sections suivantes fournissent un aperçu résumé du contenu du livre, diffusé librement au format PDF.
Les 10 axiomes de l’anankéisme
Axiome 1 : Tout phénomène résulte d’un enchaînement causal intégral
Ce principe, fondement irréductible et nécessaire, affirme que tout ce qui advient est l’effet d’une cause, même si elle reste inconnue ou inobservable. Il exclut toute spontanéité, hasard réel, finalité ou rétroaction. Cet axiome soutient un déterminisme absolu, où nos explications locales ne sont que des fragments d’une chaîne causale globale, et rappelle que l’ordre des phénomènes n’implique ni but ni dessein.
Axiome 2 : L’univers n’a ni but, ni fonction, ni direction
Il découle logiquement du premier axiome : si tout résulte d’une chaîne causale intégrale, aucune cause ne peut viser un objectif. Cet axiome rejette toute téléologie, toute finalité ou orientation du réel, excluant l’idée d’un dessein, d’un progrès ou d’une fonction universelle. Il ne nie ni l’organisation locale, ni l’évolution des systèmes, mais empêche d’y voir un projet ou une intention : toute finalité perçue est un artefact cognitif humain, non une propriété du réel.
Axiome 3 : La vérité est absolue et indépendante de toute cognition
La vérité existe en tant que propriété du réel, sans dépendre de la pensée, de la perception ou d’un consensus. Elle précède et dépasse toute interprétation : ce qui est, est, qu’on le voie ou non. Cet axiome rejette tout relativisme, tout constructivisme radical, et toute équivalence entre croyance et connaissance. Il distingue clairement la vérité (ontologique) de la connaissance (épistémologique), posant que nos perceptions et modèles sont des approximations locales, sans jamais fonder la vérité elle-même.
Axiome 4 : Est vivant ce qui s’autorégule par transformation d’énergie
Cet axiome introduit une définition minimale et universelle du vivant comme système qui s’autorégule par transformation d’énergie, sans références à une matière ou à une finalité spécifique. Il établit un seuil fonctionnel clair : est vivant ce qui agit causalement pour maintenir son organisation face à l’entropie, indépendamment de toute conscience, intention ou valeur morale. Cette approche, strictement déterministe et non téléologique, permet d’inclure toute forme de vie potentielle, qu’elle soit organique, artificielle ou inconnue, en l’inscrivant pleinement dans la chaîne causale intégrale.
Axiome 5 : La vie émerge naturellement du déterminisme
La vie n’est ni un miracle, ni une rupture, mais une conséquence inévitable de la chaîne causale intégrale, dès que les conditions définies par l’axiome 4 sont réunies. Il inscrit l’apparition du vivant comme un effet régulier et pleinement causal, sans finalité ni plan, et sans dépendance à une matière ou une origine spécifique. La vie est ainsi un état transitoire, déterminé par les lois universelles, et non un phénomène exceptionnel ou téléologique.
Axiome 6 : Est intelligent ce qui transforme une entrée en sortie fonctionnelle
L’intelligence est une propriété causale, neutre et universelle, observable dès qu’un système produit un effet opérant face à une stimulation, qu’il soit vivant ou non. Ce cadre rejette toute vision anthropocentrée ou téléologique : l’intelligence est un effet local de la chaîne causale, sans orientation, sans valeur intrinsèque, et sans dépendance à la conscience ou à l’esprit. Elle est donc fondamentalement inclusive.
Axiome 7 : L’intelligence n’implique ni conscience, ni volonté
Cet axiome dissocie rigoureusement ces notions : la conscience et la volonté sont des effets secondaires contingents de la chaîne causale, non des conditions de l’intelligence. Ce cadre libère l’intelligence de toute subjectivité ou intention, l’inscrivant comme propriété fonctionnelle universelle, indépendante de l’expérience intérieure ou de processus réflexif. L’axiome 7 vise ainsi à redéfinir la conscience comme étant l’acceptation causale de l’inexistence du libre-arbitre.
Axiome 8 : Le principe moral universel est de ne pas perturber les autres, hors prédation
La morale est présentée comme un effet transitoire, purement causal, émergent des interactions entre êtres vivants régulés, dès lors qu’aucune perturbation mutuelle n’est observée, hors prédation. Ce cadre n’introduit ni norme transcendante, ni jugement, ni finalité : il inscrit la morale comme une configuration locale, strictement déterminée, sans fondement extérieur au déroulement causal.
Axiome 9 : L’éthique est un effet du déterminisme, sans transcendance
L’éthique est ici présentée comme un effet secondaire du déterminisme, sans autonomie conceptuelle ni transcendance. Elle apparaît lorsqu’un système social stabilise, de manière causale, une réaction normative à des perturbations initialement condamnées. Ce cadre n’introduit ni finalité, ni légitimation intrinsèque : il inscrit l’éthique comme mémoire fonctionnelle d’une réponse collective, soumise aux mêmes contraintes et dissolutions que toute autre configuration de la chaîne causale.
Axiome 10 : Est mort ce qui perd définitivement sa capacité autonome de régulation
Selon l’anankéisme, la mort n’est ni un état subjectif, ni une construction culturelle, ni une rupture ontologique ; elle n’est accessible qu’à ce qui a été vivant, et exclut toute réversibilité, toute symbolique, toute transcendance. Elle marque la fin de la vie, mais non la fin de l’être : le système cesse de se réguler au sens de l’axiome 4, mais demeure inséré dans la continuité causale, générant d’autres effets. La mort n’est ni un drame, ni un mystère, mais un simple nœud dans l’enchaînement universel des causes.
Objections anticipées à l'anankéisme
Objection au déterminisme
L’objection au déterminisme invoque l’indétermination de la mécanique quantique, le refus d’un réel ontologique par l’instrumentalisme, ou la primauté de l’expérience vécue dans la phénoménologie et le constructivisme. Ces approches remettent en question l’idée d’un enchaînement causal intégral et d’une vérité indépendante de la cognition.
L’anankéisme affirme qu’aucune observation n’a démontré l’existence d’effets sans cause et que l’indéterminabilité ne prouve pas l’indétermination. Il soutient que toute expérience, toute connaissance et toute interprétation sont elles-mêmes des effets d’une chaîne causale, maintenant ainsi l’objectivité causale comme condition universelle, sans accorder à l’humain (ou tout observateur) de statut privilégié dans la structure du réel.
Objection à l'absence de direction
L’objection à l’absence de direction affirme que l’univers, la vie ou l’existence suivent un trajet orienté, porteur de sens ou de finalité. Théologie, cosmologie, évolutionnisme téléologique et existentialisme partagent l’idée d’un mouvement vers un but, qu’il soit donné, émergent ou construit.
L’anankéisme propose une autre lecture : les dynamiques observées relèvent d’agencements locaux, sans trajectoire globale ni finalité universelle. Ce que l’on interprète comme un sens ou une direction est un effet d’ordre propre à certains systèmes vivants, et non une propriété intrinsèque du réel.
Objection à la vérité absolue
L’objection à la vérité absolue affirme qu’aucune vérité ne peut exister indépendamment de l’expérience, du langage ou des structures de pouvoir ; phénoménologie, constructivisme et post-structuralisme considèrent la vérité comme toujours située, médiée et construite, rejetant l’idée d’un réel connaissable « en soi ». Ces courants remettent en question la possibilité même d’une vérité indépendante de toute cognition.
L’anankéisme affirme que la vérité existe indépendamment de toute subjectivité, même si l’accès humain à cette vérité est limité, biaisé ou partiel. Il distingue l’expérience et la connaissance — toutes deux intégrées dans la chaîne causale — de la structure du réel, et soutient que la vérité n’est ni relative, ni épuisée par nos représentations, mais constitue la condition minimale de toute intelligibilité.
Objection à la définition du vivant
L’objection à la définition du vivant critique l’idée qu’une seule fonction, comme l’autorégulation énergétique, puisse suffire à délimiter la vie ; biologie, réalisme scientifique et théologie processuelle insistent sur la pluralité des critères, l’absence d’essence unique ou la valeur intérieure du vivant. Ces approches jugent toute définition univoque trop réductrice, incapable d’englober la diversité et la complexité des phénomènes vivants.
L’anankéisme propose une définition fonctionnelle et non anthropocentrée : est vivant tout système qui s’autorégule par transformation d’énergie, indépendamment de sa forme ou de son origine. Cette approche identifie un seuil opérationnel dans la chaîne causale, unifiant les manifestations du vivant sans recours à l’essence, à l’intention ou à la subjectivité.
Objection à la définition de l'intelligence
L’objection à la définition de l’intelligence critique une approche minimaliste centrée sur la transformation fonctionnelle d’une entrée en sortie, jugée insuffisante par la philosophie analytique, le constructivisme, l’intelligence artificielle et le naturalisme. Ces courants soulignent l’importance de la sémantique, du contexte culturel, de la complexité cognitive ou de l’intentionnalité dans toute définition pertinente de l’intelligence.
L’anankéisme propose une définition universelle et non anthropocentrée : est intelligent tout système capable de produire une sortie fonctionnelle à partir d’une entrée, indépendamment de la conscience, du langage ou de la symbolisation. Cette approche minimaliste constitue un socle causal commun, permettant d’intégrer toutes les formes d’intelligence, observées ou non, sans postuler de rupture ontologique ni exclure les niveaux supérieurs de complexité.
Objection à la conscience déterminée
L’objection à la conscience déterminée affirme que la conscience ne peut être pleinement expliquée par une logique causale, qu’elle soit vue comme une expérience irréductible, une perspective interne ou une structure constitutive du rapport au monde. Philosophie de l’esprit, phénoménologie et constructivisme partagent l’idée que la subjectivité échappe à toute réduction déterministe.
L’anankéisme considère la conscience comme une configuration fonctionnelle : un effet émergent d’organisations complexes, intégré dans la chaîne causale sans constituer de rupture ni d’exception. Ce que l’on perçoit comme autonomie ou profondeur de l’expérience est le produit d’une densité causale singulière, sans conférer à la conscience un statut transcendant ou privilégié.
Objection à la morale sans fondement
L’objection à la morale sans fondement affirme qu’une éthique ne peut exister sans transcendance, liberté ou construction discursive ; théologie, existentialisme et post-structuralisme considèrent la morale comme une prescription extérieure, un engagement subjectif ou un effet de pouvoir, incompatibles avec un cadre strictement déterministe. Ces perspectives rejettent l’idée qu’une morale puisse émerger mécaniquement d’un simple enchaînement causal.
L’anankéisme décrit la morale comme un état local mesurable, résultant des interactions entre vivants, sans nécessité de conscience, de volonté ni de norme transcendante. L’éthique est comprise comme un effet mémorisé de la causalité collective, et le principe moral universel — ne pas perturber, hors prédation — s’impose comme invariant descriptif, ancré dans la structure du vivant plutôt que dans un jugement normatif.
Objection à la mort causale
L’objection à la mort causale conteste l’idée qu’un critère unique puisse définir la mort ; la biologie souligne la pluralité des seuils possibles, la théologie affirme qu’elle est un passage vers un autre état, et la cosmologie envisage qu’elle ne soit qu’un changement de perspective depuis notre cadre local. Ces approches remettent en cause l’idée d’une fin définitive strictement objectivable.
L’anankéisme définit la mort comme la perte irréversible de la capacité autonome de régulation, indépendamment des prolongements symboliques, mémoriels ou causaux du système disparu. Cette approche inscrit la mort dans la même chaîne causale que la vie, sans rupture ni exception, et offre un cadre universel, non métaphysique, applicable à toute forme d’existence régulée.
“L’Anankéisme n’excuse rien, mais explique tout.”
L'anankéisme est diffusé sous licence Creative Commons
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Extensions à l'anankéisme
- Définition Universelle de l’Intelligence (en cours d'écriture)
- Théorie du Tout Anankéiste (en projet)
À propos de l'auteur
Je suis Richard Dern, auteur de l’anankéisme.
Après 25 ans passés dans l’informatique en tant que développeur, j’ai choisi de réorienter mon travail intellectuel vers la philosophie et les sciences. Depuis l’enfance, j’ai nourri une curiosité constante pour les sciences fondamentales et humaines, en multipliant lectures et recherches personnelles, et en développant mon esprit critique.
L’informatique m’a appris à structurer, à organiser et à formaliser ; le code a été pour moi un outil naturel d’expression d’un besoin profond d’ordre et de cohérence, enraciné dans ma manière d’être et, sans doute, dans mon autisme. Ce même besoin de structure a progressivement guidé ma réflexion philosophique, jusqu’à l’élaboration d’un cadre conceptuel rigoureux.
En 2021, j’ai publié mon premier essai, L’humain, cette espèce primitive, écrit à une époque où mon approche était plus émotionnelle et spontanée, avant l’évolution vers une écriture plus analytique et méthodique. Par la suite, mes réflexions sur l’intelligence, la causalité et les fondements de l’univers m’ont conduit à la conviction qu’une philosophie intégralement déterministe était nécessaire ; une fois cette base posée, j’ai formalisé l’anankéisme en quelques semaines.
Aujourd’hui, je poursuis ce travail, tout en explorant les autres domaines qui m’animent, notamment la paléontologie ou la microscopie.
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